LA COMPLAINTE D'UNE NOYEE.
Venez à mon secours vous qui longez la berge
Approchez-vous un peu, je m'enfonce lentement
Déjà les eaux m'aspirent, me roulent, me submergent,
Je remonte en douceur, aspirant goulûment
Un reste de la vie que je voudrais quitter,
Un souffle de cet air pour moi empoisonné,
Un peu de la vigueur qu'il me faudrait trouver
Pour sortir de ce fleuve qui tend à m'avaler.
Que faisiez-vous si près de la Loire agitée?
A cet endroit précis, qu'espériez-vous trouver?
Je cherchais mon amour que j'avais égaré.
Pour une autre sans doute m'avait-il oubliée.
Pourquoi, pauvre insensée, avoir choisi ce lieu?
Ce n'est pas dans ce cours qu'il faut traquer l'amour.
Il vous délaisse ? Soit! Secouez-vous ,morbleu !
Tournez donc vos regards vers d'autres alentours.
Croyez-moi, les amours ne sont pas éternelles.
Même les grands sentiments s'essoufflent avec le temps.
C'est si facile, c'est vrai ,de siffler ritournelles
C'est bien plus compliqué d'exécuter ses chants.
Tendez-moi votre main et saisissez la mienne,
Cramponnez-vous à moi, je vais vous remonter
Mais grâces! hors de l'eau si je vous sors indemne
Ne me rejouez plus l'Ophélie bafouée !
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